» Familles monoparentales, la grande aventure« , Michalon, 2019

Voici un article paru dans le Journal Toulousain, qui pourra aider certain.e.s d’entre vous :

« Métro, boulot, dodo ! Il est ardu de trouver un rythme de vie équilibré lorsque l’on est en couple avec des enfants. Mais quand, tout d’un coup, l’on se retrouve seul, les difficultés peuvent alors paraître insurmontables. Il faut trouver sa nouvelle place dans une famille en reconstruction. De quoi déstabiliser psychologiquement n’importe quel parent. Il est alors nécessaire de réagir.

Faire le deuil

Dans la grande majorité des cas, ce qui peut être vécu comme un véritable traumatisme est le résultat d’une séparation ou d’un divorce. Les femmes ayant décidé d’avoir un enfant seules ou le décès d’un conjoint ne représentant qu’une faible part des familles monoparentales. « La première des choses à faire est de prendre conscience de la rupture amoureuse et d’en faire son deuil », explique Anne-Catherine Sabas, psychanalyste à Fontenay-sous-Bois. Pour cela, il est indispensable de chasser de son esprit le sentiment de honte que peuvent ressentir certains parents solo, et de regarder autour de soi : « Les histoires d’amour qui durent 40 ou 50 ans représentent une minorité des relations », observe-t-elle. Auteure de l’ouvrage ‘’Familles monoparentales, la grande aventure’’, publié aux éditions Michalon, elle y précise qu’il est important de ne pas minimiser cette étape car il sera d’autant plus compliqué pour le parent de gérer l’éventuelle détresse de son enfant si lui-même ne va pas bien. « Un enfant ne peut pas se construire si son parent est détruit », lance la psychothérapeute.

Il est également primordial de comprendre que le parent parfait n’existe pas. Comme le soulignait le pédiatre et psychanalyste britannique Donald Winnicott, il s’agit simplement d’être un parent suffisamment bon. Jouer au père ou à la mère infaillible peut s’avérer dangereux : « Lorsque ce dernier s’aperçoit que ce n’est pas le cas, qu’il ne peut pas tout gérer en permanence, il s’écroule complètement et souvent de manière violente », constate Anne-Catherine Sabas. Il faut garder en tête que tout le monde a des limites et que l’erreur ou l’échec sont humains. « C’est d’ailleurs une leçon importante à transmettre à un enfant qui sera tôt ou tard lui-même confronté à ses propres faiblesses », rajoute-t-elle.

Se faire aider par des tiers

Ce cheminement psychologique fait en réalité écho au deuil plus large de la famille idéale. « Il convient de garder en mémoire que s’il y a eu séparation, c’est qu’il y avait une raison. Que l’on quitte ou l’on soit quitté. Mieux vaut être seul que vivre avec quelqu’un que l’on n’aime plus ou qui ne vous aime plus », estime la psychanalyste. Retarder l’échéance reviendrait à s’empêcher de vivre autre chose. En revanche, elle précise qu’il est nécessaire de s’entourer : « Rien ne sert de jouer au parent surhumain, si la tâche s’avère trop compliquée, il faut en prendre conscience rapidement et demander de l’aide », rajoute-t-elle.

Et celle-ci peut émaner de plusieurs sources différentes, telles que la famille, les amis, un psychologue, voire l’instituteur ou le coach sportif de son enfant… Cet appui extérieur peut notamment soulager le parent solo en termes de logistique ou apporter un soutien moral. Ces tiers peuvent aussi intervenir pour amener une seconde figure adulte et pallier un éventuel déficit d’autorité. Les groupes de parole ou les associations œuvrant auprès des familles monoparentales se multiplient également pour venir à la rescousse des plus débordés. « Mais encore faut-il reconnaître que l’on a besoin d’aide, accepter sa fragilité et le fait que l’on ne peut pas se démultiplier », avertit Anne-Catherine Sabas.

Transformer le traumatisme en opportunité

Ce travail d’acceptation d’une nouvelle situation permettra ainsi au parent de se réparer, de retrouver une estime de soi, ce qui reste primordial. D’abord pour le parent, mais aussi pour l’enfant qui, en bon miroir, reflétera l’image de son père ou de sa mère. C’est en identifiant précisément ses blessures que l’adulte pourra s’en défaire… Et ne pas oublier qu’il existe un après. « Une séparation n’est qu’un accident de vie. Même si elle peut être perçue comme traumatisante, comme un réel défi, elle peut aussi être envisagée comme une opportunité », rassure l’experte.

Une étape qui pousse un parent à se recentrer sur l’essentiel. « Vaut-il mieux partir en vacances avec une belle voiture, un conjoint qui ne nous aime plus et un enfant malheureux ou rester seul à la maison dans un foyer épanoui ? » interroge la psychanalyste, avant de renchérir : « Rien n’est fini, ni définitif. On a toujours une deuxième chance dans la vie. Il est important de la saisir ! »

 

Si vous voulez accéder au dossier complet paru dans le Journal Toulousain, c’est  ici :https://www.lejournaltoulousain.fr/tag/familles-monoparentales/